À l’occasion de la sortie de son dernier livre chez Les cahiers dessinés, Les Actualités, la galerie Michel Lagarde présente une sélection de dessins de Micaël à l’humour mordant.
Peux tu te présenter en quelques lignes et nous parler de ton arrivée à Paris ?
Je m’appelle Micaël, je suis né à Paris en 1982, d’une mère argentine et d’un père brésilien. En 1987, nous sommes partis nous installer à Buenos Aires. Je dessine depuis toujours, mais j’ai décidé d’en faire mon métier à l’âge de cinq ans lorsque mon institutrice a remarqué que j’étais le seul enfant de la classe capable de dessiner des visages de trois-quarts. J’ai été fasciné depuis tout petit par le dessin politique que je lisais dans les journaux argentins. J’adorais voir comment les thèmes de l’époque (la chute du mur, la guerre du golfe) étaient traités sous le prisme de l’humour et du dessin. J’ai grandi en copiant et recopiant de nombreux dessinateurs de presse dont j’avais accès à travers la presse. Ma première publication rémunérée, je l’ai réalisée à l’âge de quinze ans, dans un magazine pour avocats. En 2001, une forte crise économique a secoué l’Argentine, j’avais 19 ans et j’ai décidé que c’était le bon moment pour retrouver ma ville de naissance, Paris. Je suis arrivé avec le rêve d’être repéré par un éditeur et de pouvoir publier dans la presse française. C’est Martine Gossieaux, la femme et galeriste de Sempé, qui m’a parlé de Frédéric Pajak. Je lui ai déposé une enveloppe avec des dessins et il m’a appelé quelques semaines plus tard pour me proposer de publier dans un journal éphémère nommé L’Imbécile. C’est le début d’une très longue collaboration…
Quelle est ta définition du dessin d’humour ou dessin d’ actualité ?
J’aurais du mal à donner une définition précise du dessin d’humour. Et pourtant, c’est sur quoi je travaille inlassablement depuis des années. Je peux dire qu’un dessin d’humour réussi est celui qui provoque le plus beau des rires : le rire intérieur. C’est aussi celui qui reste intemporel et universel, et qui met en évidence, en quelques traits seulement, l’absurdité dérisoire de la comédie humaine. Le dessin d’actualité qui m’intéresse est celui qui n’est pas assujetti à son temps, qui transcende l’actualité du jour pour la ramener à sa dimension d’actualité intemporelle.
Y a-t-il des artistes argentins qui t’ont inspiré en particulier et de manière plus général quels sont ceux qui font partie de ton panthéon ?
Enfant, le dessinateur argentin qui m’a le plus inspiré est Quino, le créateur de Mafalda. En parallèle à Mafalda, Quino a développé toute une œuvre de dessin d’humour, moins connue, au trait noir et blanc, très lucide sur les paradoxes, les grandeurs et misères de l’être humain. Dans mon panthéon de dessinateurs, je mettrai sans doute Sempé, Steinberg, Chaval, Bosc, Folon, El Roto, en gardant la porte grande ouverte pour toute une liste très longue d’artistes que j’aimerais citer…
Tu publies tous tes livres aux Cahiers Dessinés et tu as exposé à la première édition du festival du dessin à Arles en 2023 , quelle est la place accordée au dessin d’humour dans la presse française et plus généralement ton travail (ton humour) est-il exportable à l’étranger ?
Hélas, la place du dessin d’humour dans la presse se rétrécit au fil des années. En partie à cause du manque de courage des directeurs artistiques, et en partie à cause d’une logique de la presse où le dessin n’a plus la même place qu’autrefois. Heureusement, il existe des exceptions et des amateurs qui restent très sensibles à cette forme d’expression graphique…(Pajak, Michel Lagarde)
Quel a été le fil conducteur pour la sélection des dessins dans ton dernier livre Les actualités ?
Pour mon dernier livre Les Actualités, nous avons réuni avec Pajak, mon éditeur, la plupart des dessins publiés dans la presse plus certains inédits, depuis 6 ans. Il y en avait beaucoup, presque 700 ! Nous avons commencé à les trier par thèmes (écologie, migrants, médias, culture, etc.) et ensuite à travailler sur une sélection définitive. Nous avons forcément laissé de côté des dessins qui nous plaisaient, mais nous étions dans l’ensemble d’accord sur le choix. Ensuite, nous avons commencé la mise en page, en essayant de trouver le fil conducteur qui mène d’un sujet à l’autre… Une fois le montage fini, il ne restait plus qu’à attendre l’impression du livre et le jour de sa parution. L’émotion renouvelée de voir le livre publié m’a rappelé à quel point le livre reste à jamais un objet unique…
Voir les dessins exposés sur le site de la galerie
Micaël Les actualités |