Si la plupart des habitants du 10e arrondissement connaissent déjà Espace Japon (12, rue de Nancy), beaucoup ignorent que cette adresse abrite également le siège d’Ilyfunet, un éditeur de presse. Sur place sont conçus : OVNI, journal bimensuel en japonais, et Zoom Japon, magazine en français – également gratuit – reflet de la vie au pays du Soleil Levant. Ce mensuel, tiré habituellement à 70 000 exemplaires, fête ses 10 ans et, ce 1er mai, son numéro 100 ! Un événement qui intervient en pleine crise du coronavirus. Déjà le n° 99 n’a pu être diffusé qu’en version numérique, arrêt de l’activité de nombreux annonceurs et fermeture des points de distribution obligent. Mais Dan Béraud (directeur des publications) n’imagine pas un instant se contenter du numérique pour ce numéro historique, un spécial Tôkyô. « Nous avons décidé d’imprimer un certain nombre d’exemplaires à la fois pour satisfaire nos nombreux abonnés et permettre à ceux qui souhaiteraient posséder cette édition anniversaire de la recevoir chez eux. Par conséquent, nous mettons en place un service de réservation », annoncent Dan et son équipe.
C’est donc une édition papier de 32 pages, avec un plus faible tirage, que vous pourrez bientôt découvrir accompagnée d’un poster. Au recto figurera une carte des principales fêtes traditionnelles dans l’Archipel et au verso les 100 couvertures du magazine. Un pied de nez à la fatalité. Malgré cela, Zoom Japon a un besoin d’une aide indispensable et espère rassembler 1 000 souscripteurs autour de ce défi solidaire. Le numéro est vendu 5 € TTC. « Cela nous permettra de couvrir une partie des frais d’impression et d’envoi », précise Dan Béraud. Soutenir la presse commence aujourd’hui.
www.zoomjapon.info/produit/reservation-n-100
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De notre côté, le Journal du Village Saint-Martin attend également des jours meilleurs. Comme Zoom Japon, nous existons uniquement grâce à nos « annonceurs-partenaires », ces fidèles qui aiment et soutiennent la publication et le prouvent à chaque numéro. Le numéro 10 de ce printemps devait sortir le 21 mars, il n’en fut rien. Quant à celui d’été (21 juin), il est difficilement réalisable dans sa globalité tant les perspectives de diffusion sont limitées dans les cafés, les restaurants et les hôtels. Cette situation frustrante nous laissant un goût amer d’inachevé, nous allons tenter de réaliser une édition « light » – pour ne pas nous endormir en confinement – avant de vous retrouver avec un numéro complet le 21 septembre. En attendant, c’est par le biais de cette newsletter que nous gardons le contact et transmettons notre soutien très sincère à ceux que la situation actuelle affecte le plus.
La presse payante subit, elle aussi, la crise du coronavirus. De nombreux points de vente sont fermés et les rentrées publicitaires sont également en berne. Une crise économique de plus après le dépôt de bilan de Presstalis, principale entreprise de distribution de la presse écrite. Résultat, avant même l’arrivée du Covid-19, en dehors des « officiels » kiosques de presse de la Ville de Paris, le nombre de vendeurs de journaux indépendants s’est réduit comme une peau de chagrin. Dans le village, Thierry, sur place depuis trente ans (Thierry Presse, 76, rue du Château d’Eau) résiste, un peu fataliste et désabusé : « Ce n’est pas votre article qui va sauver la presse ! » soupire-t-il. C’est pourtant un lieu indispensable, l’un des préférés de Miranda Salt de la galerie Miranda : « Je vais chez Thierry depuis environs vingt ans. Avec une efficacité redoutable, lui et son frère animent leur kiosque minuscule d’environs 10 m2. Et malgré la congestion évidente d’un espace aussi restreint, ils peuvent mettre la main sur n’importe quel magazine à tout moment. En plus, ils sont sympathiques avec tout le monde, tous les jours. » Alors, comme le chantait Édith Piaf dans Kiosque à journaux :
« Venez chercher les mots,
Puisqu’il vous faut des mots,
Et puis soyez heureux… »
C’est finalement le plus important en ces temps de confinement, même si sauver la presse… presse !
Auteur : Vincent Vidal