Ça façonne dans le 10e

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Loin de l’automatisation à outrance, des femmes et des hommes travaillent de leurs mains. Nous avons rencontré vingt de ces artisans, créateurs, restaurateurs, tous détenteurs d’un véritable savoir-faire.

Le 10e est historiquement un arrondissement où le travail manuel et artisanal fut et demeure omniprésent. La principale Bourse du travail parisienne ne se situe-t-elle pas au 3, rue du Château d’Eau ? Un bâtiment construit entre 1888 et 1896 par Joseph-Antoine Bouvard, architecte de la Ville, à une époque où le travail manuel n’avait que peu de concurrence. Aujourd’hui, l’ouverture de la Cité artisanale de la Villa du Lavoir est pour nous l’occasion rêvée de rendre hommage à ces « artistes – artisans » qui façonnent dans le 10e. Ceux — et, vous le verrez, essentiellement celles ! — qui ont de l’or entre les mains. Ceux et celles qui, parfois depuis longtemps dans d’ancestrales maisons, savent exploiter toute la richesse de leur talent. Impossible bien évidemment d’être exhaustif, d’autant que plusieurs ont préférés rester dans l’ombre, ne souhaitant pas apparaître dans ce sujet. Nous vous proposons donc vingt rencontres avec des professionnels qui, dans des secteurs différents, donnent un vrai sens au travail manuel dans sa grande diversité.

ATELIER RAFAEL GOMEZ

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On croise souvent Rafael outils à la main, quittant ou rejoignant son bric-à-brac métallique dans lequel lui seul doit se retrouver. Arrivé de Cuba en 1986, un magnifique accent dans sa valise, il crée des bijoux qu’il vend sur les marchés ou… à Lanvin Haute Couture. Il voyage à travers l’Europe, vit de petits boulots le jour, se consacre à ses créations le soir. L’homme pose ses valises dans la capitale en 1991 – « Paris m’a attrapé par la main et je ne l’ai jamais plus quittée » – et s’attaque à ce qui sera son matériau de prédilection : le fer. Sculptures, objets décoratifs, luminaires… rien ne l’arrête. « Mais j’ai surtout envie de laisser une trace dans la ville où j’habite. » C’est pour cela que, très logiquement, ce ferronnier d’art souhaite désormais réaliser essentiellement des façades, des escaliers, des devantures et du mobilier pour des boutiques ou des restaurants… mais aussi pour des particuliers.

ATELIER RENÉ TAZÉ

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René Tazé débute à l’âge de 15 ans, en 1969, comme taille-doucier. Sa première gravure est un petit nu de Renoir. Une révélation pour cet apprenti qui fonde son premier atelier de gravure en taille-douce rue Hittorf, en 1978. Il s’installe ensuite rue René Boulanger, en 2007, année où il rencontre Bérangère Lipreau. « Pour un stage qui dure depuis plus de dix ans ! » précise l’intéressée, qui imprime beaucoup pour la maison d’édition de Michel-Édouard Leclerc et côtoie ainsi de grands peintres ou illustrateurs comme Nicolas de Crécy, Lorenzo Mattotti, Miquel Barceló, Françoise Pétrovitch ou Damien Deroubaix. En 2017, c’est Domitille Arai – également en section gravure à l’école Estienne avec Bérengère – qui rejoint ce lieu fréquenté par Pierre Alechinsky, Sempé ou Yan Pei-Ming. Ensemble, avec René, devenu Maître d’art en 2008, elles assurent la relève.
Retrouvez la visite de l’atelier dans notre n° 3

À LA PIPE DU NORD

Depuis la récente fermeture du Caïd (dans le 5e arrondissement), À la Pipe du Nord est le dernier pipier de Paris. En septembre 2016, Marie-Aurélie Favre, cliente assi- due, décide de reprendre l’établissement devenu vétuste. Pierre Voisin, lui, souhaite passer la main à une personne jeune et motivée. « Marie-Aurélie a fait entrer la Pipe du Nord dans le XXIe siècle » résume celui qui fut la cinquième génération de maître pipier d’une histoire familiale débutée en 1867. Sur place, Marie-Aurélie, rare femme intronisée maître pipier dans cet univers plutôt masculin, répare, restaure et des- sine des modèles et espère bientôt trouver le temps d’en fabriquer. Peut-être avec les machines ancestrales rachetées au Caïd et présentes désormais au sous-sol. « Il fallait impérativement préserver ce patrimoine unique. » Quant à Pierre Voisin, il réalise et répare toujours des pipes pour l’enseigne.
Retrouvez l’histoire de la Pipe du Nord dans notre n° 3

TÊTE DE LINOTTE

Evelyne Lohier, qui représente la troisième génération d’artisans brodeurs, travaille sur la machine Cornely avec laquelle sa grand-mère brodait pour l’épouse du président Albert Lebrun. Une machine « guidée main » qui demande un véritable savoir-faire. « C’est moi qui dessine et la dirige, et pas elle », précise-t-elle avec humour. Aux côtés de sa mère, Evelyne a travaillée pour Azzaro, Courrèges et Dior Haute Couture. Seule, elle œuvre pour le théâtre, l’Opéra de Paris, Holiday on Ice ou pour Mylène Farmer à qui elle a fait un manteau de scène. Dans sa boutique-atelier aux airs de cabinet de curiosités, Evelyne réalise sacs, housses pour coussins, patches et broches. Elle personnalise des manteaux pour des créateurs, récemment pour la chanteuse-mannequin belge Claire Laffut. « J’aime lorsque l’on me pose des problèmes ! » ajoute celle qui organise aussi des ateliers, « parce qu’une journée sans créer est une journée gâchée ! »

MAISON POURSIN

Présente depuis 1830 dans le 10e, Maison Poursin est la plus ancienne manufacture indépendante de la capitale encore en activité. Poursin poursuit inlassablement ses créations de bouclerie et de cuivrerie en laiton, fournissant aussi bien l’univers de la maroquinerie et de la mode que celui du harnachement pour chevaux. Ses clients sont prestigieux – la Garde républicaine, le Cadre noir de Saumur, la Garde royale marocaine ou celle du royaume du Danemark, l’Opéra de Paris, la Comédie fran- çaise, Vuitton, Givenchy ou Hermès – mais le grand public est toujours très bien accueilli, même pour une boucle de ceinture. Les matrices sont prêtes à fondre des pièces commandées par des musées ou des passionnés : « Il y a ici plus de 60 000 références, c’est un musée vivant ! » aime à rappeler Karl Lemaire, l’homme qui en 2016 a sauvé Poursin de la disparition. Retrouvez l’histoire de Maison Poursin dans notre n°4.

LE COIN DES BOIS

L’enseigne en forme de clarinette n’est pas en ébène, comme le véritable instrument, mais annonce la couleur ! Cet atelier répare, restaure et nettoie les instruments à vent, « à 95% des clarinettes » précise Béatrice Guéritaud, installée ici depuis 2008 et épaulée depuis deux ans par Valentine. Clarinettiste, ancienne élève du conservatoire de Versailles, Béatrice ne souhaitait pas devenir professionnelle et a choisi cette autre activité en 2003. Une double casquette qui lui permet surtout de connaître « les atouts et les faiblesses de l’instrument ». Succès oblige, il faut parfois attendre six mois pour faire remettre en état son instrument, même si, « comme à l’hôpital, il peut y avoir des urgences ». À ce rythme, il est normal que l’atelier ait un peu délaissé hautbois, flûtes ou saxophones. À signaler que Le Coin des Bois loue et vend également des clarinettes et leurs accessoires.

CRISTALLERIES SCHWEITZER

Fondé en 1890, l’atelier est entre les mains d’un certain Pierre Nicolas avant que son gendre, Albert Schweitzer, décide de tout miser sur la réparation d’objets en cristal et en verre avec un message clair : « Ne jetez plus vos verres ébréchés, ils sont réparables ». Idem pour les carafes, confituriers, sucriers ou pièces de valeurs signées Daum, Lalique ou Baccarat. À la mort de Schweitzer en 1985, l’atelier est repris par deux compagnons. L’un des deux formera Brunella après son école de tailleur de verre et cristal, puis ce sera au tour de Clémence. En 2013, les deux femmes s’associent et reprennent cette maison vieillissante, véritable capharnaüm, tout en lui conservant son âme et ses trésors à réparer, décorer, graver ou reproduire. Depuis cinq ans, Brunella et Clémence réalisent des bijoux à partir de chutes. Des pièces uniques au cœur de la dernière cristallerie de France à ne faire que des réparations.

POTERIE ET COMPAGNIE

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Tout sourire, Sandrine vous accueille dans son atelier-boutique. Elle y œuvre depuis le 1er janvier 2010, autant dire une date idéale pour bien commencer la décennie. Elle y enseigne la poterie (sur tour) pour les adultes et le modelage pour les enfants (à partir de 4 ans) le samedi et durant les vacances scolaires. Des cours en famille sont même proposés. « J’aime transmettre et enseigner, en particulier dans cet espace familial et convivial. » Mais Sandrine — qui a commencé à travailler l’argile à 16 ans — est également une professionnelle ayant collaboré avec de nombreux céramistes et qui expose régulièrement son travail, en grès et en porcelaine. Amoureuse de la matière, elle ne rechigne pas non plus à restaurer une pièce que vous aimez. Son prochain rendez-vous : une exposition-vente — avec neuf autres créateurs et artisans, essentiellement du 10e — dans la boutique éphémère du 30, rue du Château d’Eau, du 16 au 22 décembre.

ATELIER LEJEUSNE

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D’entrée, Éric est clair : « Je suis timbreur sur balancier et je dois être l’un des derniers en France ! » C’est donc manuellement (sur balancier) que, depuis 1982, il propose différents types d’impression en gaufrage, typographie en relief ou à plat ou en taille-douce… Des tirages parfois d’une centaine d’exemplaires (« 500, pour moi, c’est un gros tirage ») de papiers à lettre, d’enveloppes, de cartes de visite et de correspondance, de diplômes ou d’ex-libris. Des prestations pour des clients aimant le haut de gamme et pour des papeteries de luxe. Pour cela, Éric s’appuie sur sa collection de 15 000 gravures en acier (lettres, animaux, blasons…) dont certaines remontent à 1800. Elles lui permettent aussi de réaliser, pour le plaisir, des cartes et marque-pages vendus en papeterie. Depuis 2007, l’atelier est labellisé Entreprise du Patrimoine Vivant, une reconnaissance pour « un travail simple mais qu’il faut savoir faire ! »

CUIRS CHADEFAUX

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André Chadefaux débute rue Taylor en 1921 en vendant à l’aviation civile des peaux de mouton tannées. L’objectif : confectionner les pantoufles pour les passagers à une époque où il n’était pas possible de voyager en avion avec ses chaussures. Jusqu’aux années 1970, la maison fournit en peaux de mouton et de chèvre les maroquiniers et les petites entreprises de chaussure encore présentes à Paris. Au décès d’André Chadefaux en 1973, son gendre prend sa succession et se spécialise dans le cuir de vache (90% encore aujourd’hui) pour l’artisanat. En 1985, Dominique entre dans l’entreprise aux côtés de son père avant d’en prendre la direction en 1998 et d’y ajouter la vente d’accessoires et de produits de maroquinerie. Désormais spécialisé dans le tannage végétal, Chadefaux affiche sur sa porte le numéro de téléphone Botzaris 18 61. « C’est celui de l’époque ! » nous explique Dominique avec un grand sourire.

L’ATELIER HOGUET

Depuis le milieu du XIXe siècle, plusieurs maisons d’éventaillistes se sont succédé à cette adresse au cœur d’un quartier réputé pour cette activité dès le XVIIe siècle. Dans la partie musée, le grand salon style Henri II, où se trouvent des joyaux, est même classé monument historique. Pourtant, le musée a dû fermer en 2016. Anne Hoguet se bat pour le rouvrir et fait appel au financement participatif afin de réaliser les travaux nécessaires à sa mise aux normes. L’atelier, lui, tourne toujours. Anne y réalise des pièces pour l’opéra, le théâtre, le cinéma — Le Pacte des loups, Marie-Antoinette, Les Adieux à la reine — ou pour des maisons comme Vuitton. Elle répare et restaure également des pièces de toutes époques que lui confient des collectionneurs et des particuliers, « souvent pour des raisons sentimentales ou afin de transmettre un patrimoine ». Anne Hoguet est Maître d’art depuis 1994.

CORENTIN BRISON

Une rencontre par hasard, il y a huit ans, avec la céramiste Yasmine Dindar, et Corentin a un flash : « C’est clairement grâce à elle que j’ai mis les mains dans la terre, au départ comme loisir ». Il poursuit ses études à la fac (histoire de l’art et droit) avec l’objectif de devenir commissaire-priseur mais sa passion pour la terre va être plus forte que pour les marteaux de Drouot. Corentin se réoriente alors vers la céramique à l’atelier Céramuse de Savigny-sur-Orge et, après une formation d’un an, ouvre son espace à l’été 2017. Ce lieu cosy accueille l’atelier où Corentin travaille et organise des cours de poterie et des stages de céramique, un coin boutique où il vend ses créations en grès et en porcelaine, et enfin un coffee shop où les produits (bios) sont servis dans de la vaisselle maison. Des créations (assiettes, bols) également présentes dans quelques restaurants et boutiques de l’arrondissement.

DUVINAGE

Jules Duvinage fut d’abord coursier, chargé de transporter des registres. L’envie de plonger à son tour dans l’univers du cartonnage ne le quittera plus. Il donnera son nom à cette entreprise fondée en 1868 dont l’actuel directeur, Gilles Abric, n’est autre que son arrière-arrière-petit-fils. Aujourd’hui, Duvinage est l’une des dernières maisons à fabriquer sur mesure des produits cartonnés : des cahiers de tendances pour les plus grandes marques de prêt-à-porter avec échantillonnage des tissus, mais aussi des boîtes, des fourreaux, des coffrets pour des marques de luxe ou des agences d’architecture… Douze personnes sont à l’œuvre, ajoutant boucles aux classeurs ou posant dorures à chaud. Les machines à impression numérique côtoient les appareils anciens. Ça imprime, assemble, relie, massicote… On dit que « la nature a horreur du vide », ce qui est certain c’est qu’ici, pas de place perdue pour arriver à tout faire et à le faire bien !

JUDITH GRAFT

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Américaine, Judith arrive à Paris en 1970. Après une visite chez un luthier pour la réparation de son archet — « J’étais juste une musicienne sans prétention » —, elle décide de changer de passion : elle sera luthière. Judith réalise sa première basse de viole en 1972. Aujourd’hui, elle affectionne les instruments du Moyen-Âge et de la Renaissance et les pièces rares comme le lirone. « Mes instruments sont inspirés de modèles anciens pour lesquels j’effectue des recherches dans les musées et les collections privées. » Des pièces qui peuvent être décorées, peintes, sculptées. De petits bricolages, parfois, car le bois réserve des surprises. « Nous sommes des bidouilleurs », dit Judith, devenue Maître d’art en 2018. À ses côtés depuis cinq ans, Mathieu l’accompagne dans son travail. Musicien, ce jeune luthier a craqué pour la viole en découvrant le film Tous les matins du monde en 1991. À l’époque, Judith en fabriquait depuis vingt ans !

HÉLÈNE VITALI VITRAIL

Le vitrail et le verre, Hélène les a dans la peau, même si, a priori, cela peut être dangereux ! Après une formation post-bac au lycée spécialisé Lucas de Nehou à Paris, où elle apprend la peinture sur verre, puis un CAP « Arts et techniques du verre » option vitrail et deux années à restaurer les vitraux d’églises dans l’Oise, Hélène ouvre son premier atelier à Meudon. En 2008, elle rejoint le 10e arron- dissement. Dans son atelier-boutique — où elle donne également des cours le samedi matin —, elle aborde le vitrail sous toutes ses formes avec des influences variées, du primitif au médiéval, de l’Art déco à l’art moderne. Elle réalise des pièces pour des décorateurs et des architectes d’intérieur, d’autres pour Céline, John Galliano pour Maison Margiela, et a paré de ses luminaires l’aéroport de Fort-de-France. Hélène développe enfin des œuvres plus personnelles, vases, lampes, miroirs et bijoux.

ATELIER MALAVOY

Diplômée de l’École du Louvre et titulaire d’une maîtrise de sciences et techniques au Palazzo Spinelli de Florence, Brigitte Malavoy a commencé la restauration de tableaux il y a bientôt quarante ans, « à une époque où cette profession n’était nullement reconnue et considérée ». Elle offre son expertise aux particuliers mais exerce surtout pour des professionnels : la fondation Pierre Bergé à Marrakech, le musée du Petit Palais à Paris, de nombreux experts, des commissaires-priseurs… Son métier, c’est elle qui en parle le mieux : « La restauration de tableaux exige de la rigueur, de l’observation, des connaissances techniques et historiques, de la patience, de la maîtrise et surtout un amour profond et sincère pour les œuvres d’art, qu’elles soient anciennes ou modernes ! » Mais Brigitte a également envie de transmettre et partager, enseignant depuis vingt ans son métier dont un peu plus de dix dans le superbe atelier qu’elle occupe aujourd’hui.

JICQY

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Olivia Phélip fut professeur de solfège, de piano, de théâtre et de français avant de choisir de faire de sa passion son métier : « Petite, je savais me servir d’une machine à coudre grâce à ma grand-mère surnommée Jicqy les mirettes. » Marque d’accessoires pour femmes et hommes souhaitant « réinventer leur style », Jicqy a pour matière de prédilection la soie. Foulards, cravates ou nœuds papillon mais aussi des bijoux relevant du même savoir-faire : broderies, plissages, fleurs en tissus, pièces tressées ou teintures avec effet « tie and dye » afin d’obtenir des variations de couleurs. Olivia utilise également — souvent sur du laiton — du cuir ancien, des velours ou des laines, et elle fait parfois appel à des peintres pour certaines de ses créations. En 2017, après cinq ans d’existence, Olivia a ouvert son atelier-boutique proposant une production « made in Château d’Eau ». Un lieu où elle expose également d’autres créateurs.

DESIDERO

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Un master en « ingénierie des risques » en poche, Giulia Cicciu décide de s’orienter vers sa passion de toujours : les bijoux. Après deux ans d’apprentissage à la Haute École de Joaillerie et dans l’atelier d’un joaillier parisien, elle obtient en 2012 un CAP « Art et techniques de la bijouterie-joaillerie », crée la marque De- sidero et ouvre son atelier-boutique. Elle y travaille ses prototypes en cire, l’argent et le vermeil (avec, en marge, une collection or), et puise son inspiration dans les codes de l’Art nouveau, de l’Art déco et du bijou contemporain. Les petites séries de sa collection annuelle côtoient des pièces uniques ou des commandes telles que bagues de fiançailles et alliances. Parallèlement, Giulia enseigne à la Haute École de Joaillerie : « J’ai appris, c’est pour cela que je suis heureuse, à mon tour, d’enseigner ». C’est ce qu’elle fait également, depuis deux ans, rue des Vinaigriers, où elle organise des ateliers. Desidero est détenteur du label « Fabriqué à Paris ».

L’ATELIER GALERIE MICHÈLE SAUVALLE

Perlier, facteur de perles, verrier à la flamme… plusieurs termes — qu’elle préfère utiliser au masculin — caractérisent le métier de Michèle Sauvalle. Souffleur de verre pendant plus de vingt ans dans un atelier de l’ADAC, Michèle y réalise pour le plaisir des luminaires et des vases. Puis elle découvre, chalumeau à la main, le bonheur de créer des perles en verre de Murano. « Le verre en fusion, c’est magique ! » Dans son atelier-boutique donnant sur la rue (« J’avais envie de montrer mon travail plutôt que d’être cachée dans une cour »), Michèle vous accueille sur rendez-vous. Autant ar- tiste qu’artisan, elle fabrique, selon son inspiration ou sur commande, bagues, colliers, pendentifs et boucles d’oreilles, et adore réparer les bijoux fantaisie qu’on lui apporte « souvent pour des raisons sentimentales ». Elle propose également des stages d’initiation — avec deux élèves à la fois — aux différentes techniques de son art.

ATELIER HYLÉ

Elles sont cinq (Camille, Mathilde, Raphaëlle, Fleur et Caroline) dans cet atelier dédié à la conservation et la restauration de biens culturels. « Avec chacune sa spécialité », précise Camille, cofondatrice du lieu : les arts du feu (céramique, émail, verre, métal), l’archéologie, la peinture — murale et de chevalet — et les œuvres composites, associant plusieurs matériaux. Si la restauration parle à beaucoup, la conservation exige des connaissances en chimie ainsi que les codes éthiques et déontologiques du métier. « Il n’y pas que le travail sur l’œuvre, il y a les analyses, les rayons, nous sommes formées comme des scientifiques ! » Diplômées et habilitées à travailler sur les collections des Musées de France, elles apportent aussi une expertise en « conservation préventive », pensant à l’après-restauration. Les produits et traitements ne sont pas les mêmes selon la destinée d’une œuvre. « C’est pour ça qu’il faut toujours se former ! »

Auteur : Vincent Vidal

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