Deux artistes attachés au 10ème arrondissement, lieu de leur rencontre.
Derrière ce nom se cache deux amoureux de peinture et d’architecture : Kam et Laurene. Deux artistes qui se sont rencontrés sur leur lieu de travail en janvier 2014, Rue de la Fidélité dans le 10ème arrondissement de Paris. De leur coup foudre sont nés des croquis, des esquisses et des peintures sur différents supports. Laurene a elle comme premier amour l’architecture et aime faire des croquis fins et précis. Kam, quant à lui, s’épanouie avec les couleurs et les expérimentations que lui permettent la peinture. Fin mars 2014, ils choisissent de fusionner pour développer leur univers pictural sur tableaux et dans la rue.
“Le 10ème arrondissement fait partie de notre histoire.”
La rue et les galeries comme terrains d’expression
Kam et Laurene considèrent leurs deux terrains de jeux comme complémentaires : les scènes peintes sur toiles amènent l’observateur à partager l’intimité de leurs personnages, alors que dans la rue cela s’inverse, les personnages s’invitent à leur tour dans l’environnement de l’homme. À leurs yeux, c’est dans la rue que la parole, les idées, la création se trouvent. Les échanges peuvent se faire avec tous types de personnes, sans distinction sociale. C’est un environnement naturel et juste qui appartient à tout le monde.
“Passé l’encoignure, ils sont là. En position frontale. Le regard intense et pénétrant. Ils scrutent, observent. Attentifs. Bienveillants mais pourtant troublants. Qui sont-ils ? Que nous veulent-ils ? Qu’attendent-ils de nous ?” C’est ainsi que l’écrivain Jean-Luc Hinsinger décrit leur travail.”
Un art dans l’air du temps
Kam et Laurene retranscrivent l’idée de “métamorphose naturelle” de l’homme vis à vis du monde dans lequel il évolue : selon les deux artistes, l’homme, conditionné par son environnement, a toujours été amené à s’adapter. Il fait face aujourd’hui à des évolutions technologiques qui modifient la manière dont il vit ses relations avec l’autre.
“Les nouvelles technologies ont un impact direct sur nos psychologies et nos relations sociales, parce que nous y consacrons de plus en plus de temps et qu’elles sollicitent autrement nos organes, notre esprit.”
Selon Kam et Laurene, le lien social évoluant avec les technologies, l’être humain utilise de moins en moins la parole de part le fonctionnement des réseaux sociaux qui sollicitent davantage le regard et l’usage des mains. C’est pourquoi, la prédominance des yeux et l’absence de bouche sont caractéristiques de leurs portraits. Leurs yeux noirs et profonds offrent à la fois un regard doux et déroutant.
“Pour nous à ce rythme, le langage oral devient inutile et les yeux doivent êtres performants, vifs et résistants pour s’adapter à ces inter-connections, inter-relations.”
Les deux artistes ne laissent pas pour autant la valeur humaine de côté en choisissant la couleur dorée pour la peau de leurs personnages, symbole de la préciosité de l’homme : “La vie est précieuse et nous pensons que chaque personne est l’être doré d’une autre.”
Des réalisations dorées et contextualisées
Toujours réalisés de face, ces portraits sont uniques et jamais reproduits. Ils sont réalisés à la main et au pinceau. Ce travail pictural donne vie à des silhouettes simples de tailles variées, témoignant une recherche permanente sur la couleur et la forme. Les artistes définissent leur style comme “naïf et brut”.
Le choix de l’emplacement n’est jamais anodin. On remarque que les artistes cherchent à intégrer leurs personnages de manière harmonieuse et poétique, en provoquant des interactions avec l’environnement urbain : on peut alors les retrouver sur des murs étroits, sur des fenêtres condamnées, des panneaux du code de la route…
On observe également une attention particulière pour le look de chaque personnage où les couleurs et les formes varient. Les positions suggèrent du mouvement et une fluidité, ce qui évoque une certaine légèreté.
Où retrouver les personnages de Kamlaurene dans le 10ème ?
Les personnages disparaissent avec le temps. La dimension éphémère fait partie intégrante de l’art de rue. Actuellement vous pouvez retrouver les personnages de Kam et Laurene dans le Passage du Marché, qui lie la Rue du Faubourg Saint-Martin et la Rue Bouchardon.
Le duo Kamlaurene s’interroge sur notre évolution et les conséquences du progrès technologique à travers leur travail en faisant appel au réel, à l’imaginaire et à la poésie. Leurs peintures sont un constat de l’évolution de l’homme à travers le temps, qu’il ne faut pas voir comme une critique négative du monde dans lequel nous vivons.
Auteur et photographe : Marina Chef.